Tapisserie-royale

TAPISSERIE D'AUBUSSON BASSE LISSE


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La liste des modèles de tapisseries, que le jury des beaux-arts avait jugés dignes d'être conservés, pouvait dès 1794 donner une idée de la révolution totale qui allait s'accomplir dans le domaine de l'art, et dont la première étape fut marquée par l'apparition du Serment des Horaces, de David, en 1784.
Nous donnons la désignation de ces vingt tableaux dont le choix indiquait les tendances qui déjà se manifestaient:
« La mort de Socrate, par Peyron; la Reconnaissance d'Oreste et d'Iphigénie, par Regnault; les Sabines, par Vincent; Fête à Palès, par Suvée ; Assassinat de Coligny, par le même; Junon parée de la ceinture de Vénus vient trouver Jupiter; l'École d'Athènes; le Parnasse, d'après Raphaël; cinq tableaux de l'histoire de Psyché, d'après Jules Romain ; l'Hyver ; la Chasse de Méléagre, la mort de Méléagre, d'après Lebrun; ces deux dernières pièces encadrées par de splendides bordures ; le Jugement de Paris, par Mignard; Quatre-vingt-seize études d'animaux, par Boëls ; Danses, d'après Jules Romain, par Mignard; une esquisse représentant Flore et Zéphyre, avec des ornements dits arabesques, d'après Raphaël.
« Lorsque l'Empire eut renversé la République, lorsque David, peintre de l'empereur moins grand par le caractère que par la position, fut devenu le régulateur de goût, le dispensateur des grâces, enfin le préfet du département des beaux-arts, on vit reparaître la tyrannie de Vouet sous Louis XIII et de Lebrun sous Louis XIV, avec les formes du régime impérial. L'art fut enrégimenté, caserné" mis au pas militaire. Toutes ses œuvres depuis le tableau d'histoire jusqu'au meuble d'ébénisterie, comme toutes celles de la littérature depuis le poème épique jusqu'au couplet de romance, reçurent un mot d'ordre, une consigne, j'allais dire un uniforme, qui s'appelle le style empire. » (L. Viardot, les Merveilles de la peinture.)
Nous n'avons rien à ajouter à ces quelques lignes qui caractérisent toute une époque.
« Sa Majesté » écrivait le 9 avril 1805 à M. Guillaumot, M. le comte Daru, intendant général de la Maison de I'empereur, « désire vivement que vous vous occupiez à reproduire les tableaux qui représentent des sujets pris dans l'histoire de France et particulièrement de la Révolution; et comme son règne en sera l'une des époques les plus glorieuses, je ne doute pas que vous ne choisissiez pour modèles les tableaux qui retracent ou ses victoires ou ses bienfaits. C'est ainsi que les arts doivent reconnaître la protection dont Sa Majesté les honore. »
On sait ce que valaient les désirs de l'Empereur, et on mit immédiatement sur métiers les deux sujets qu'il avait premièrement désignés:
Les Pestiférés de Jaffa, d'après Gros;
Napoléon passant le Saint-Bernard (calme sur un cheval fougueux, comme il l'avait commandé à David).
Puis vinrent ensuite :
Napoléon donnant ses ordres le matin de la bataille d'Austerlitz, par Carle Vernet.;
Napoléon donnant la croix à un soldat russe, d'après Dehret;
Préliminaires de Leoben, d'après Lethière-Gnillon;
Le 76e de ligne retrouvant ses drapeaux dans l'arsenal d'Inspruck, d'après Meynier;
Napoléon passant la revue des députés de l'armée, d'après Serangeli;
Clémence de Napoléon envers la princesse de Hatzfeld, d'après Charles de Boisfremont; Napoléon recevant les clefs de Vienne, d'après Girodet ; -
Napoléon recevant à Tilsitt la reine de Prusse, d'après Berthon;
Entrevue de Napoléon et d'Alexandre sur le Niémen, d'après Gautherot ; .
Napoléon pardonnant aux révoltés du Caire, d'après Guérin;
La prise de Madrid, d'après Gros;
La mort de Desaix, d'après Regnault, etc., etc.
Ce fut le peintre du « Serment du jeu de paume » qui composa et dessina lui-même les modèles de l'ameublement que « Sa Majesté avait agréés » pour son grand cabinet aux Tuileries; il s'occupait non seulement de l'ensemble, mais de tous les détails de chaque pièce, « cherchant à concilier les moyens d'exécution et d'économie avec la dignité inséparable d'un ameublement destiné à entrer dans les appartements d'un grand empereur. (Lettre de David à M. Lemonnier, 25 août 1811).
Hélas! beaucoup de ces tapisseries qui représentaient, elles aussi, en 1814 et 1815, des emblèmes séditieux, eurent le sort de la tenture de la Chancellerie, brûlée par les sans-culottes de 93. Les vainqueurs d'alors les lacérèrent ou les brûlèrent; la majeure partie des tentures sur métier retraçant la gloire de l'Empire ne furent jamais achevées, et David ne sauva le grand tableau du Sacre qu'en le coupant en plusieurs bandes afin d'en pouvoir cacher les morceaux.
Pendant que David terminait le tableau du Sacre, M. Roard, directeur de l'atelier de teinture, fit venir le grand peintre, et dit en désignant le côté droit du tableau: «Nous ferons pour cette partie une très belle tapisserie, attendu la beauté, la richesse et la variété des costumes; mais comment voulez-vous que nous, dont les moyens d'exécution en couleurs solides sont très-bornés, nous puissions faire quelque chose de bien durable pour le côté gauche, dans lequel se trouvent l'impératrice, les princesses et les dames de la suite habillées de blanc ? - Vous ferez comme vous le pourrez, répondit David, mais vous n'aurez jamais autant d'ennuis que j'en ai éprouvés pour ce tableau de commande, dans lequel j'ai été obligé de placer mes personnages d'après un programme officiel. »
Avec David et les grands peintres, de son école, Gros, Girodet, Guérin, Gérard, il ne suffisait pas de faire ce qu'on pouvait , ils al1aient eux-mêmes dans les ateliers de tapisseries surveiller l'exécution de leurs modèles, et sans tenir compte des difficultés pratiques de la fabrication, ils demandaient quand même la reproduction de leur peinture.
Ce fut alors que désespérant de pouvoir satisfaire aux exigences des maîtres au moyen des procédés connus jusqu'à ce jour, les artistes tapissiers trouvèrent le système dit de hachures à deux, puis à trois tons.
Le premier essai du travail à deux nuances a été fait en 1812 par M. Deyrolle (Gilbert) (dont la famille est originaire d'Aubusson), artiste tapissier de basse lisse. Son fils M. Deyrolle (Gilbert), chef d'atelier, la communiqua à M. Rançon (Louis), et bientôt tous deux commencèrent à la convertir en théorie, puis à l'appliquer d'une manière générale.
« Le nouveau procédé, dit M. Lucas Abel (ancien professeur des écoles de dessin et de tapisserie des Gobelins, le maître de tant de peintres distingués et d'habiles artistes), « s'est perfectionné en haute lisse. mais il n'a guère fallu moins de sept à huit ans pour sa généralisation dans les ateliers; aujourd'hui sa supériorité est si bien établie qu'à de rares exceptions près il est seul employé. C'est en effet le seul mode de travail actuellement connu qui permette d'obtenir au plus haut degré possible: « Exactitude.dans la traduction du coloris du modèle;
« Accord durable dans les nuances employées; « Transparence. »
Nous allons essayer de décrire ce système de fabrication de la manière la plus simple possible.
Primitivement l'art du tapissier consista pour ainsi dire dans un travail semblable à celui de la mosaïque, et se bornait à reproduire', au moyen de brins de laines de différentes nuances superposées, les contours et le coloris du modèle.
Ces procédés élémentaires étaient relativement suffisants pendant la période où les artistes ouvriers n'avaient pour types que de grossières images aux lignes durement tracées et aux couleurs tranchantes.
Tapis d'Aubusson et Tapisseries d'Aubusson inscrits au Patrimoine de l'Unesco en 2009
Tapisserie d'Aubusson
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