Tapisserie-royale

ŒUVRE D’ART D’AUBUSSON
VII


Colbert - Ordonnance de 1665. - Prospérité d'Aubusson. - Révocation de l'édit de Nantes, 1685. - Les intendants de la généralité de Moulins à Aubusson. - Leurs rapports. - Les huguenots persécutés. - Les ouvriers d'Aubusson émigrent à l'étranger.
Sans avoir été profondément atteint, le commerce avait souffert des troubles qui signalèrent les premières années. du règne de Louis XIV. Mais la défaite de la Fronde n'avait fait que démontrer l'inanité des dernières résistances de l'esprit féodal contre la royauté absolue, et surtout le besoin qu'avait le pays d'ordre, de paix et de travail.
Colbert, qui avait apporté, dans la gestion des finances; le même esprit d'ordre dont Sully avait fait preuve, ne partageait pas, en matière d'économie politique, les idées du ministre de Henri IV. Il pensait que le gouvernement ne pouvait s'enrichir qu'en augmentant les sources de richesse de la nation et que les seuls États riches étaient ceux qui produisaient et trafiquaient.
Possédant de vastes connaissances, doué d'une volonté de fer et d'un esprit capable de concevoir les plans les plus grandioses, et d'en embrasser en même temps tous les détails, il voulut que la France devint, par le commerce et l'industrie, ce qu'elle était déjà par les armes, les sciences, les lettres et les arts : la première des nations. Il dépensa, à la poursuite de ce but, une activité infatigable et une persévérance qui, ne se rebutant jamais devant les difficultés, finit par triompher de tous les obstacles. Il demanda à l'étranger les plus habiles ouvriers, fit des avances aux petits fabricants et sa sollicitude s'attacha aussi bien à créer des manufactures d'objets de luxe, qu'à encourager la production des articles usuels et de ceux de première nécessité.
Louviers, Sedan, Abbeville, lui durent le rétablissement de leurs fabriques de draps, et Lyon, par la création des nouvelles manufactures de soieries unies et de brochés d'or et d'argent, lui dut une prospérité telle que le chiffre de sa production s'éleva à 100 000 000 et le nombre de ses métiers à 20 000.
Mais, craignant que l'industrie n'errât dans de longs et difficiles tâtonnements, croyant aussi qu'il appartenait au pouvoir de diriger complètement le goût et l'activité des citoyens, il promulgua des règlements qui transformaient les artisans en véritables machines à productions.
Protectionniste à outrance, il pensa que le seul moyen de ne pas être écrasé par les industries des pays voisins, était de frapper de droits très élevés l'importation des marchandises étrangères, en même temps qu'il abolissait les droits sur l'exportation des produits indigènes.
Aubusson ne fut pas oubliée dans cette régénération des manufactures de France ; l'état de sa fabrique fut l'objet d'une enquête très sérieuse, à la suite de laquelle furent rendues les ordonnances de 1665, qu'on nomme la grande charte de la manufacture d'Aubusson, et que nous reproduisons en entier dans la crainte d'en atténuer la valeur par une analyse. Le texte a été copié sur l'original, déposé aux archives de la ville.

ORDONNANCE, STATUTS ET RÈGLEMENTS
Des marchands, maîtres et ouvriers tapissiers de la ville d'Aubusson, hameaux d'icelle et bourg de la Cour, dressez en l'année 1665, et confirmez par lettres patentes du Roy de ladite année.
Aujourd'hui, vingt-huitième du mois de septembre mil six cens soixante-quatre, dans l'auditoire royal de cette ville d'Aubusson, en assemblée générale, convoquée au son de la cloche, par-devant nous, Jacques Garreau, sieur de Salvert, conseiller du roy, président chastelain, juge civil et criminel de cette ville et chastellenie d'Aubusson, se sont comparus en leurs personnes honorables, hommes maistres Gabriel Pierron, Michel Vallenet, Michel le Rousseau, Jean Dumonteils l'aîné, et Jacques Chabaneix, à présent consuls de ladite ville, qui, par la bouche du dit Pierron, l'un d'eux, ont exposé à l'assemblée, que, ayant cy-devant été escrit une lettre de cachet du roy, en datte du trentième août 1664, par laquelle Sa Majesté a eu la bonté de faire entendre aux habitants de cette ville, ses bonnes et louables intentions pour le restablissement du commerce au dedans et au dehors du royaume, et Sa Majesté donnait ordre qu’aussitost que ladite lettre de cachet aura été receue, on aye à faire assembler tous les marchands et négocians de cette ville, afin de leur expliquer particulièrement ses intentions sur le sujet du contenu en icelle, afin que, en estant informez, et du favorable traitement que Sa Majesté désire leur faire, ils fussent d'autant plus conviez à s'appliquer au commerce, leur faisant entendre que, pour toutes les choses qui concerneront le bien et l'avantage d'iceluy, ils ayent à s'adresser à Monseigneur Colbert, conseiller du roy en son conseil royal, et intendant de ses finances, auquel il auroit ordonné d'en prendre le soin. Après la lecture de laquelle lettre de cachet en icelle assemblée,fut faite une délibération, en couséquence de laquelle fut passée une procuration le dix-septième octobre ensuivant à Jacques Bertrand, marchand tapissier de cette ville, et l'un des tapissiers de la garde robbe du roy, auquel il fut donné pouvoir pour comparoistre devant mondit seigneur Colbert, pour rendre compte de l'estat du trafic, commerce et manufacture des tapisseries qui se font et fabriquent journellement en cette ville, et représenter que l'establissement en est de temps immémorial sans que l'on en sache la première institution, que les habitants du lieu semblent être nez à ce travail, que c'est presque la seule ville du royaume qui connoisse et réussisse heureusement dans cet ouvrage, que toutes sortes de personnes travaillent à cette manufacture, et qu'à cet effet il y a, tant dans la dite ville que dans les faubourgs, quinze ou seize cents ouvriers travaillant en icelle, et qu'il estoit bien vray que la dite manufacture était descheûe beaucoup de son ancienne perfection, ce qui auroit esté cause que le débit en avoit esté moindre, et que le principal sujet de ce changement estoit la surcharge des tailles imposées en ladite ville et les continuels passages des gens de guerre, que lesdits marchands et ouvriers ont esté foulez, et autres subsides et impôts sur lesdites tapisseries et estofîes dont elles sont composées; mais que, s'il plaisoit à Sa Majesté concéder auxdits marchands et ouvriers, les mêmes priviléges, exemptions et advantages qui ont été accordés par les reys Henry le Grand, Louis XIII, et Sa Majesté à présent heureusement régnante aux sieurs de Comans, la Planche et Hinard, ladite manufacture pourroit estre bien tost remise en sa perfection, ledit sieur Bertrand auroit exécuté I'ordre contenu en sa procuration avec tels soins et diligences qu'en ayant souventes fois conféré avec mondit seigneur Colbert, il a fait entendre aux dits consuls qu'il espère avoir un favorable succès de l'employ que l’assemblée lui a commis, mais qu'il est à propos qu'on face une nouvelle assemblée des habitants de cette ville la plus nombreuse qui se pourra, en laquelle cette affaire soit traitée à fonds. Et, puisque l’on reconnoist, dans Sa Majesté, la continuation de ses bonnes intentions pour restablir en sa perfection la manufacture des dites tapisseries, dont le commerce peut estre de grande utilité en cette ville, et qui consisterait, après avoir reconnu les abus et défauts, qui ont esté cause qu'elle a 'esté en moindre estime qu'elle ne devait pas estre jusques à présent, qu'il était très important de faire un bon règlement à l'avenir, duquel Sa Majesté serait très humblement suppliée d'accorder la confirmation par ses lettres patentes, lesdits consuls ont estimé à propos de convoquer comme ils ont fait cette présente assemblée, afin que chacun pust librement donner son advis sur cette proposition, qui est de notable importance pour le bien de cette ville, requerrant qu'elle aye à leur donner advis, et prescrire ce qu'elle désire qu'ils fassent.
Sur quoy ouy le procureur du roy, et après l'examen de plusieurs advis, et un entier examen de toute l'assemblée, ont été d'avis de faire les règlements qui s'ensuivent cy après :

ORDONNANCES ET STATUTS
Des marchands, maistres et ouvriers tapissiers de la ville, d'Aubusson fauxbourgs et hameaux d'icelle et bourg de la Cour, accordez a l'assemblée générale des habitants d'icelle, le dix-huitième jour de may 1665, afin d'en estre demandé au roy l’homologation par ses lettres patentes qu'il lui plaira en octroyer pour le restablissement de la manufacture des tapisseries.

I
Messieurs les officiers et consuls de la ville d'Aubusson feront nommer en une assemblée générale de ladite ville, qui se tiendra de trois en trois ans, à cet effet, quatre personnes de probité et bonne conscience, ayant bonne connoissance de la marchandise de tapisserie, desquels sera pris le serment de se bien comporter en la commission qui leur sera donnée d'avoir l'inspection, conduite et direction à ce qu'il ne s'employe dans la confection des tapisseries qui se feront audit lieu aucune laine qui ne soit bien teinte et bien dégraissée avec le savon et la gravelée, tant pour les chaisnes que pour le tissu desdites tapisseries : comme aussi qu'il ne s'y fasse aucun employ de laine de brebis ou moutons morts de maladie, mais seulement de celle desdits brebis, ou moutons qui auront été tonduz ou tués dans les boucheries, et qu'il ne s'y employe aucun cotton, ni fil d'Espinay.

II
Les dites quatre personnes commises de la sorte visiteront quand bon leur semblera, ou du moins deux fois la semaine, tous les hasteliers de tapisseries, et ceux des teinturiers, blanchisseurs, et tous autres apresteurs de laines.

III
Toutes les pièces de tapisserie qui seront fabriquées tant dans ladite ville d'Aubusson, faux bourgs et hameaux qui dépendent d'icelle, qu'au bourg de la Cour, seront apportées dans une chambre qui à ce faire sera destinée dans ladite ville d'Aubusson vingt-quatre-heures après qu'elles auront été descendües des hasteliers, pour estre veües et visitées par les dites quatre personnes commises à cet effet; et si elles sont trouvées bonnes et bien fabriquées, elles seront, par eux, marquées d'un plomb où seront gravées les armes du roy et de la ville, afin de discerner les bons et loyaux ouvrages d'avec, les mauvais et défectueux; ensuite rendües aux dits marchands et ouvriers vingt-quatre heures après; et que celles qui se trouveront mal façonnées et défectueuses seront rejettées sans y estre appliqué aucune marque, avec défenses d'exiger ny lever aucun droict par lesdits commis à cette visite pour icelle visite et marque à peine de concussion. Lesquelles tapisseries ainsi fabriquées, visitées et marquées seront exemptes de toute autre marque et visite par toutes les villes du royaume où elles pourront estre transportées, débitées et vendües : Auquel effet, sera tenu un fidèle registre, dont les feuillets seront paraphés par premier et dernier depuis le commencement jusques il la fin : dans lequel seront écrites toutes les pièces de tapisserie qui auront esté apportées en ladite chambre avec le nom des maistres, compagnons et ouvriers qui y auront travaillé, et le jour qu'elles auront été visitées et marquées.

IV
Avant qu'aucuns ne puissent lever mestier pour travailler en ladite manufacture de tapisserie, qu'auparavant ils n'ayent en qualité d'apprentifs servi du moins trois ans les maistres d'apprentissage, en leur payant par lesdits maistres leurs louages à proportion de ce qu'ils ont accoustumé, et qu'ils n'ayent servi autres quatre années après leur apprentissage chez les maistres en qualité de compagnons, ce dont ils seront tenus de justifier.

V
Seront les contrevenans aux présents Statuts et Règlements mulctez d'amende par le juge ordinaire des lieux, sur le rapport desdits quatre commis à la visite, lesquelles amendes seront par eux reçeües et employées, la moitié auxdits directeurs, et l'autre moitié pour l'assistance des pauvres veufves et orphelins honteux dudit mestier, auxquels la distribution sera faite par lesdits quatre commis à ladite visite.

VI
Sera octroyé un délai de six mois à compter du jour qu'il aura pIeu au roy d'accorder ses lettres patentes pour l'homologation des présents articles pour pouvoir employer par lesdits ouvriers les estoffes qu'ils peuvent avoir par devers eux.
Tous lesquels articles ci-dessus ont esté jugez absolument nécessaires à l'effet de rétablir en sa perfection la manufacture desdits ouvrages.
Mais, outre les susdits articles qui concernent les dits statuts, l'assemblée a résolu que de très humbles remontrances seront faites au roy.

1
Qu'afin de pouvoir porter la perfection de ladite manufacture à un point considérable, il serait nécessaire d'establir un bail peintre dans ladite ville d'Aubusson, tant pour y faire des apprentifs pour lui succéder en cet art, avec un teinturier et un blanchisseur expert, qui prenant pour apprentifs les enfans de ladite ville, puissent leur apprendre à faire les teintures en perfection : c'est ce qui ne peut estre exécuté qu'on ne fasse une dépense assez considérable, laquelle, ne pouvant être supportée par lesdits marchands et ouvriers qui sont pauvres, il seroit à souhaiter que la bonté du roy s'estendit jusque là de faire la dépense pour leur fournir et entretenir un peintre, avec un teinturier et un blanchisseur de la qualité susdite .

2
Attendules grandes tailles qui sont sur ladite ville desquelles ils n'ont eu aucune diminution il y a plus de dix ans, ainsi qu'ils ont justifié, bien que Sa Majesté ait témoigné son intention que la décharge qu'elle a accordée aux provinces s'estende sur tous, néantmoins ils n’en ont senti aucun soulagement ; ils ont pareillement supporté le faix de plusieurs logemens de gens de guerre dont elle est consommée; tellement que le roy sera humblement supplié d'employer sa bonté royale au soulagement desdits hahitans de l'excès de l'imposition des tailles et logemens de gens de guerre, afin qu'ils puissent s'acquitter avec plus de soin de leur travail.

3
Afin que lesdits marchands, maistres, compagnons, ouvriers, teinturiers et blanchisseurs, ne soient point distraits par de longs procès de leur travail, et consommez en frais de justice , veu mesme l'éloignement de la ville d'Aubusson de celle de Paris, du ressort du parlement de laquelle elle est, et attendu qu'il n'y a point de juges consuls, establis en ladite ville d'Aubusson, il plaira à, Sa Majesté autoriser le juge de la dite ville d'Aubusson de juger à la forme des juges-consuls establis dedans les villes, estans au nombre de sept du moins, tous les procès et différends entre eux concernant le fait de la manufacture et négoce desdites tapisseries, en sorte que l'appel n'en puisse estre receu à l'égard des sentences, qui seront rendües affaires esquelles il ne s'agira que de 500 livres et au-dessous; et, à l'égard de celles qui excéderont la valeur de 500 livres, elles seront exécutoires, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d'icelles, en baillant bonne et suffisante caution;
Sa Majesté sera très humblement suppliée d'accorder sa protection à ladite ville d'Aubusson pour le restablissernent de ladite manufacture de tapisseries, et d'appuyer de son autorité les intentions de ladite ville, pour faire que les ouvrages soient travaillez avec fidélité, que, dans la satisfaction que tout le royaume en recevra, ladite ville y puisse trouver ses avantages particuliers, et qu'à cet effet il plaise à Sa Majesté de confirmer et homologuer ladite délibération, et lui accorder ses lettres-patentes, adressantes aux compagnies souveraines dont et de tout seront poursuivies les expéditions nécessaires auprès dit roy par ledit sieur Bertrand, qui à cet effet, continuera de s'adresser à mondit seigneur Colbert, conseiller du roy en tous ses conseils, intendant de ses finances, et surintendant des bastiments, arts et manufactures de France.
Fait et arresté, en cette ville d'Aubusson, en ladite assemblée générale, convoquée à cet effet au son de la cloche, à la manière accoustumée, le dix-huitième jour de may 1665, ou en présence des soussignez et autres en nombre, qui ont déclaré ne sçavoir signer, tous lesquels ont d'une commune voix accordé et consenti les articles ci-dessus mentionnez, pour estre par eux et leurs successeurs gardez et observez de poinct en poinct selon leur forme et teneur.
Signé Garreau, président, Chastelain, Taravau, lieutenant d'Aubusson, G. Robichon, procureur du roy, Pierron, consul, M. Rousseau, consul, J. Dumonteil, consul, M. Vallenet, consul, J. Chabaneix, consul, Garreau, Turgaud, etc., etc. et scellés du sceau de la ville, et plus bas :
Registrez, ouy, et ce consentant, le procureur général du roy, pour estre exécutez, et jouir par les impétrans de l'effet et contenu en iceux aux modifications portées par l'arrest de ce jour, à Paris, en parlement, le treizième aoust mil six cens soixante-cinq.
Signé: Du TILLET


LETTRES PATENTES

Du roi Louis XIV pour le restablissement de la manufacture de tapisseries de la ville d'Aubusson en la province de la Marche, données en l'année 1665.
Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir salut. Après avoir donné glorieusement la paix à nostre royaume, et mis nos sujets en une parfaite tranquillité, nous n'avons point trouvé de moyen plus propre à leur en faire recueillir les fruits et mettre l'abondance parmy nos peuples que d'y restablir les manufactures et le commerce, à quoy nous aurions non seulement apporté beaucoup d'application et de soin, mais pour convier d'autant plus nos sujets à s'appliquer à toutes sortes de manufactures, et attirer à nous les estrangers, nous aurions accordé à ceux qui se sont présentez, et dont les propositions ont été examinées et approuvées par le sieur Colbert, conseiller en nostre conseil royal, intendant de nos finances, surintendant de nos bastiments, arts et manufactures de France, de très beaux privilèges et conditions avantageuses, mesme contribué de sommes notables de nos deniers pour faciliter lesdits établissements. Et, dans cette mesme intention, ayant esté informez que, de tous temps il se faisoit, dans la ville d'Aubusson une manufacture de tapisseries, dont la fabrique par le relaschement des ouvriers, estoit dans quelque sorte de diminution, nous aurions, pour lui rendre son ancienne réputation, convié lésdits hahitans par nos lettres de cachet du trentième aoust dernier, de convenir entre eux des expédients qu'il y aurait à prendre pour restahlir ladite manufacture dans sa première perfection. En conséquence de quoy, et suyvant nos ordres, s'étant fait diverses assemblées des marchans et négocians de ladite ville, dans lesquelles les causes des abus et défauts de la fabrique desdites tapisseries auroient esté examinez et reconnus, il auroit été dressé un règlement pour en empescher la suite, et faire qu'à l'avenir ladite fabrique fust bien conditionnée, et faite avec toute l'exactitude et fidélité nécessaire. Et nous auroient lesdits habitants fait très humblement supplier vouloir confirmer ledit règlement, et leur accorder nos lettres sur ce nécessaires. A ces causes, désirant contribuer en ce qui dépendra de nous, à la plus grande perfection desdites manufactures, après que l'acte d'assemblée générale de ladite ville, du dix-huitième may dernier, concernant ledit règlement cy attaché, pour le contre scel de nostre chancellerie, a esté veu et examiné par ledit sieur Colbert, nous avons ledit règlement loüé, approuvé et ratifié, et iceluy par ces présentes, signées de nostre main, loüons, approuvons et ratifions, voulons et nous plaist qu'il soit entretenu et exécuté selon la forme et teneur; et comme la perfection desdites manufactures dépend particulièrement des bons desseins et de la teinture des laines, qui s'employent pour l'exécution d'iceux, nous voulons, pour d'autant plus perfectionner lesdits ouvrages et traiter favorablement les ouvriers qui s'y appliqueront, qu'il soit entretenu à nos frais et dépens un bon peintre qui sera choisi par ledit sieur Colbert pour faire les dessins des tapisseries qui seront exécutez en ladite ville : comme aussi qu'il soit establi en icelle un maistre teinturier pour faire la teinture des laines qui seront employées en ladite manufacture et que ledit maistre teinturier soit pareillement entretenu à nos frais et dépens. Et, attendu qu'il est important que les marchands, ouvriers et autres personnes qui seront employées à ladite manufacture n'en puissent estre distraits par la longueur des procès ét différends qui pourroient survenir entre eux, nous avons ordonné et ordonnons, voulons et nous plaist que tous les procès, différends meus et à mouvoir entre les marchands, négociants, ouvriers et autres particuliers employez dans ladite manufacture, et au sujet d'icelle, circonstances et dépendances soient sommairement traistez par devant le juge de ladite ville, par lui jugez et terminez en la mesme forme et manière que les causes des marchands dans les juridictions consulaires, sans que lesdits procès en puissent être distraits et invoquez ailleurs sous prétexte de committimus, ou autres privilèges de quelque qualité qu'ils puissent estre. Et pour d'autant plus retrancher lesdits procès et les mauvaises suites qui causent ordinairement la multiplicité des degrez de juridiction, nous avons, par cesdites présentes, donné et attribué pouvoir audit Juge d'Aubusson, de juger définitivement en dernier ressort, et sans appel, les procès et différents entre lesdits marchands, negocians et ouvriers, jusques à la somme de deux cens cinquante livres entre lesdits marchands, négocians et ouvriers pour raison desdites manufactures et fait de leurs marchandises soient, en cas d'appel, exécutez par provision et sans préjudice d'iceluy. Et que les appellations qui soient interjettées pour raison de ce ressortissent droit et sans milieu au parlement. Et afin que chacun connoisse la protection que nous donnons audit restablissement, nous avons permis et permettons auxdits ouvriers de faire mettre sur le frontispice des lieux où seront fabriquées lesdites tapisseries, en gros caractère, manufacture Royale de tapisseries, nous réservans au surplus de pourvoir à la décharge des tailles et logemens de gens de guerre, suivant la très humble supplication qui nous en a esté faite par lesdits habitans portés par ledit acte d'assemblée.
Si donnons en mandement, etc., etc.
La décadence de la manufacture d'Aubusson tenait donc à des causes multiples, les unes provenant de la mauvaise fabrication des tapisseries, les autres, des charges écrasantes qui pesaient sur les habitants. Il était évident que le principal obstacle à la perfection des produits, était comme parle passé, le manque de bons dessins et de laines bien apprêtées et teintes en belles couleurs solides. Quant aux statuts qui devaient régir la fabrique, on remarquera qu'ils furent l'œuvre des marchands, maîtres et ouvriers, réunis dans une assemblée générale où chascun pust donner librement son advis sur tous les articles qui y furent discutés. Le roi se borna à approuver le règlement, et comme les fabricants étaient trop pauvres, pour payer un bon peintre et un teinturier habile, il promit de les choisir et de les payer, se réservant, pour le surplus, de pourvoir à la décharge des tailles et logements des gens de guerre. Mais, l'article XVII de l'ordonnance de novembre 1667, qui réorganisait la manufacture des Gobelins et prohibait, en même temps, les tapisseries d'origine étrangère, fit plus pour la prospérité d'Aubusson, que le titre de manufacture royale que Louis XIV lui octroyait.
La production des Gobelins et de Beauvais était absorbée par les commandes du roi et des princes; Aubusson restait seule pour fournir des tapisseries à tout le royaume. Il est assez difficile de constater la valeur réelle des ouvrages qui y furent fabriqués à cette époque. On reconnaît bien, par le style du dessin et surtout par les ornements, qui encadrent la plupart de ses tentures, la date assez précise de leur confection, mais, comme aucune d'elles ne porte de marque distinctive, rien qui indique si elles sortaient des ateliers d'Aubusson, de Felletin, ou de ceux qui étaient répandus dans, les bourgades des environs, il serait téméraire d'affirmer si les ouvriers étaient plus ou moins hahiles que leurs devanciers. On est obligé, pour se former une opinion, de rechercher dans les rapports des intendants de la Généralité de Moulins, de quelle manière étaient alors appréciées les fabriques de la Marche.
A la date de 1686, M. d'Argouges écrivait: « Il y a des manufactures de tapisseries à Aubusson et Felletin, section de Guéret ; l'on trouve que, depuis quelque temps, l'on y a occupé de bons ouvriers, ceux du pays se sont fort perfectionnés, et ils en trouvent fort bien le débit; ils feraient encore beaucoup mieux s'ils avaient un inspecteur entendu pour les conduire, et de bons dessins ; et si l'on s'attachait à leur fournir des laines bien dégraissées, l'on pourrait espérer qu'ils réussiraient aussi bien qu'en Flandres. J'en ai un exemple, car M. de la Feuillade y en a fait faire de très belles, par la précaution qu'il a eue de leur donner des dessins et leur fournir des laines. Il y a aussi une petite manufacture à Belgarde, de la même section, mais les ouvriers ne sont pas aussi parfaits que ceux d'Aubusson et de Felletin. »
Le roi n'avait pas envoyé à Aubusson le peintre et le teinturier qu'il avait promis à la ville. C'était toujours d'après des estampes représentant les tableaux en vogue, que les peintres d'Aubusson composaient les tentures qui leur étaient commandées. On retrouve, dans différentes pièces, des sujets empruntés à Laurent de la Hyre, à Claude Vignon, et surtout à François Chauveau, dont les gravures des scènes de l'Ancien Testament, de l'histoire grecque, de la Jérusalem du Tasse, étaient très répandues. Il n'est pas rare de rencontrer encore des imitations, en grosse tapisserie de l'époque, des tentures qu'on exécutait aux Gobelins, sur les cartons de Lebrun; notamment, le Triomphe d'Alexandre à Babylone, et des sujets de chasse, d'après D. Rab.
En général, les sujets religieux étaient traités avec plus de soin que les autres, probablement parce qu'ils étaient payés plus cher, ou bien parce que ceux qui les commandaient prenaient la précaution de fournir eux-mêmes leur dessin, comme le faisaient le R.P. des Jésuites de Limoges, et M. de la Feuillade.
De 1640 à 1726, on signale à Aubusson l'existence de plusieurs maîtres peintres; entre autres, Léonard Roby, Étienne et Jean Dussel, Etienne Boucher, François Mondon et Jean de la Seiglière. Nous retrouverons, dans les années suivantes, plusieurs artistes habiles qui portèrent les noms de Roby et de la Seiglière; ils étaient les descendants de ceux que nous venons de citer.
Sans date, et en marge du rapport de M. d'Argouges, on lit une longue annotation qui résume l'histoire de la fabrique d'Aubusson, depuis 1620 jusqu'au milieu du dix-huitième siècle; ce fragment signale une crise terrible que subit l'industrie de la tapisserie vers la fin du dix-septième siècle.
« La fabrique se soutint longtemps après ce rétablissement (allusion aux Règlements et Ordonnances de 1665); mais l'inobservation de ces règlements, les abus qui s'y glissèrent, le défaut du peintre et du teinturier qui n'y furent point envoyés, comme on l'avait projeté, et enfin, la misère de la plus grande partie des tapissiers, la replongèrent dans un état plus triste qu'elle n'était auparavant ; sa réputation diminua insensiblement par la défectuosité des dessins et des teintures, et par la mauvaise qualité des laines. Les pays étrangers qui tiraient beaucoup de ces tapisseries en furent rebutés, les ouvriers tombèrent dans la misère, et ne subsistèrent, pendant plusieurs années, que par les charités que le roy eut 1a bonté de leur faire de temps en temps, pour les empêcher de périr ou de passer à l'étranger.»
Ce que l'annotateur de M. d'Argouges néglige de nous dire, c'est que cette misère, dont il nous fait le tableau, n'était pas seulement l'œuvre de l'inobservation des règlements de 1665, mais plutôt le résultat de l'acte le plus inique et le plus impolitique du règne de Louis XIV, c'est-à-dire de la révocation de l'édit de Nantes, et des mesures vexatoires, puis violentes, qui le précédèrent et le suivirent. Les charités du roi ne se répandirent que sur les habitants qu'on croyait le mieux convertis; mais déjà beaucoup, fuyant la persécution, avaient pris le chemin de l'exil.
Nous n'avons pas à nous étendre sur la révocation de l'édit de Nantes, mais nous devons signaler l'influence néfaste que cette mesure exerça sur l'industrie d'Aubusson. En consultant les pièces originales du temps (1), on constatera que les calvinistes de celte ville eurent à subir les mômes rigueurs que leurs coreligionnaires du Midi. On essaya d'abord de les ramener par la persuasion en comblant de faveurs les nouveaux convertis; en les exemptant d'impôts, en les admettant aux charges, de préférence même aux vieux catholiques. Puis, trouvant que les moyens de persuasion et de séduction avaient un effet trop lent, on eut recours aux persécutions; on entrava, par toutes sortes d'édits, du roi, d'arrêts du parlement, d'ordres d'intendants, l'exercice de la religion réformée : après avoir enlevé aux calvinistes leurs droits de noblesse, on fit peser sur eux la plus grande charge des impôts, et l'accès des professions libérales leur fut interdit. L'émigration commença alors sur une vaste échelle, et ne put être arrêtée, ni par la prison, ni par la crainte des galères, ni par les troupes qu'on envoyait pour traquer et ramener les fugitifs.

(1) Voir les Archives nationales, TT (Aubusson). 259 imprimés. - Rapport de M. d'Argouges, intendant de la Généralité de Moulins, Archives du département de l'Allier , - Voir aussi les quelques pièces qui sont déposées il la mairie d'Aubusson.

Dès 1567, la religion réformée avait pénétré à Aubusson; elle y possédait un temple trois ans après, et ses ministres étaient convoqués aux synodes: Les querelles entre catholiques et protestants étaient fréquentes, et se traduisaient par des dénonciations, des plaintes et des procès, à tel point que le commissaire du roi dut intervenir en 1612. Il rendit une ordonnance confirmant les réformés dans leurs exercices, et enjoignant aux catholiques et réformés d'avoir à vivre en bonne union et concorde, conformément au désir des édits de Sa Majesté. La Bonne harmonie ne dura pas long temps ; les catholiques, plus nombreux et soutenus par le pouvoir, provoquèrent des mesures qui interdirent aux protestants de faire accompagner leurs morts par plus de dix personnes, choisies parmi leurs plus proches parents. L'enterrement devait être fait devant le soleil levé ou après le soleil couché, et le temple, qu'on trouvait trop près de l’église catholique fut démoli pour être reconstruit à Combesaude (1662-1663).
Le 23 mai 1683, l'intendant de la généralité de Moulins, accompagné du vice-gérant de l'évêché de Limoges et de trois autres prêtres, se transporta dans le temple, où ils donnèrent lecture de l'avertissement pastoral que l'évêque adressait aux dissidents pour les engager à rentrer dans le giron de l’église catholique.
Le 10 février 1684, un arrêt du parlement de Paris ordonna la démolition du temple de Combesaude, comme ayant été édifié contre les termes de l'édit de 1598. Les protestants interjetèrent appel au roi contre cette décision.
L'intendant Du Creil vint à Aubusson le 23 mars 1685, et ordonna que le temple fût fermé, comme châtiment des contraventions commises par les ministres et anciens de la religion prétendue réformée, accusés d'avoir désobéi aux édits et déclarations du roy, spécialement d'avoir souffert dans le temple des enfants au-dessous de quatorze ans dont les pères étaient convertis.
Le rapport que M. Du Creil adressa au ministère prouve que les conversions n'étaient pas aussi nombreuses qu'on l'avait espéré d'abord. Voici ce qu'il disait:
« Après la clôture du temple, le ministre me demanda la permission de baptiser les enfants, et je la lui donnay, à la charge que ce ne sera que dans les maisons particulières, sans aucune assemblée, et sans faire d'autres prières que celles du baptême. Il me demanda aussi la permission de marier, mais je la lui refusay, la nécessité ne me paraissait pas si urgente pour le mariage comme pour le baptême.
« Ceux de la dite religion prétendue réformée, me vinrent ensuite. représenter qu'ils avaient quelques affaires commencées, sur lesquelles il leur était nécessaire de conférer, comme pour le paiement des six mois écheus du ministre et du lecteur, aussi bien que pour amasser quelques deniers, pour pourvoir contre mon ordonnance; et si je ne trouverais pas bon qu'ils s'assemblassent pour délibérer. Comme ils avaient obéi avec assez de soumission, je crus leur devoir cette justice et ils tinrent, en ma présence, une espèce de consistoire dans lequel ils firent le rôle ci-joint ....
« Pendant deux jours que j'ai demeuré à Aubusson, j'ai fait aux nouveaux convertis quelques aumônes et mêmes libéralités, dont j'aurai l'honneur de vous rendre un compte particulier.
« J'ai exhorté, en général et en particulier, ceux de la religion prétendue réformée à sortir de l'erreur où ils sont. Comme le peuple d'Aubusson est assez grossier, il y a lieu de croire que si l'espérance de ravoir le temple était une fois ostée, on verrait beaucoup de conversions. »
Nous ne savons pas si le peuple d'Aubusson était grossier en 1675, mais il était tenace dans ses convictions, car il fallut recourir aux grands moyens, comme nous le voyons par le rapport que M. d'Argouges fit à ce sujet en 1686 :
« Comme je rends compte journellement, écrit-il au conseil, de ce qui se passe en détail concernant les nouveaux convertis de cette généralité, je me contenterai de dire, en général qu'il n'y avait de religionnaires qu'à Aubusson, dans la ville de Château-Chinon, et quelques-uns répandus dans l'élection de Nevers, Depuis que je suis ici (à Moulins) j'y fais plusieurs voyages et j'en ai fait emprisonner plusieurs et récompenser des charités du roy ceux que j'ai cru les mieux convertis, espérant que des manières si opposées produiraient un bon effet. Cela est arrivé comme je l'avais pensé, car, depuis le dernier voyage que j'ai fait à Aubusson, au commencement du mois de décembre, les prêtres et les juges sont édifiés de l'assiduité des nouveaux convertis à bien remplir leur devoir. Il y a dans cette ville, un petit président dont les soins sur cela ne peuvent se payer, etc. ,etc. »
Pendant que M. d'Argouges se félicitait d'avoir à Aubusson un petit président aussi zélé, « le monarque, dit Saint-Simon, ne s'était jamais cru si grand devant les hommes, ni si avancé devant Dieu dans la réparation de ses péchés et du scandale de sa vie; il n'entendait que des éloges, tandis que les bons et vrais catholiques et les saints évêques gémissaient de tout leur cœur de voir des orthodoxes imiter contre les hérétiques ce que les tyrans païens avaient fait contre les confesseurs et des martyrs ; ils ne pouvaient se consoler de cette immensité de parjures et de sacrilèges ; ils pleuraient amèrement l'odieux durable et irrémédiable que de détestables moyens répandaient sur la religion; tandis que nos voisins exaltaient de nous voir ainsi nous affaiblir et nous détruire nous-mêmes, profitaient de notre folie, et bâtissaient des desseins sur la haine que nous nous attirions de toutes les puissances protestantes ... »
Ce furent, en effet, ces émigrés que rien ne put retenir en France - ni la peine de mort édictée contre ceux qui favoriseraient l'émigration, ni la confiscation, ni les troupes qui gardaient les frontières - qui apportèrent à l'étranger les secrets de l'industrie française et une haine implacable contre leurs persécuteurs.
200 000 Français environ se réfugièrent chez les nations protestantes, qui les accueillirent avec faveur et encouragèrent l'émigration.
A Londres, un des faubourgs, Spetanfields, fut entièrement peuplé d'ouvriers en soie, en cristaux, en acier. L'Angleterre prit alors le premier rang de l'industrie européenne.
L'électeur de Brandebourg accepta les capitaux des réfugiés à 15 pour 100 d'intérêt, et leur donna un gouverneur particulier. Grâce à ces colons français, les sables du Brandebourg furent défrichés, la Prusse sortit de la boue, et Berlin devint une ville. Frédéric Guillaume qui, outre une garde de 600 gentilshommes, avait formé quatre régiments français, se servit des plumes des ministres pour inonder l'Europe de pamphlets contre le gouvernement de Louis XIV, et encouragea les établissements industriels qui vinrent s'établir dans ses États.
Pierre Mercier, originaire d'Aubusson, obtint la patente de tapissier de l'électeur de Brandebourg ; il fabriqua des tapisseries d'or, d'argent, de soie, de laine, qui servirent à l'embellissement de Potsdam et d'autres résidences royales; elles représentaient les événements les plus glorieux de ce règne. Des fabriques semblables furent fondées par des réfugiés français dans le Brandebourg, à Francfort sur l'Oder, à, Magdebourg, etc.
Un autre réfugié, Passavant, acheta à bas prix une fabrique de tapisserie, fondée en Angleterre par un capucin français devenu protestant, la transporta à Exeter, où il la fit prospérer avec le secours d'ouvriers des Gobelins.
Dumonteil, un autre tapissier, se réfugia à Berlin.
Ce souvenir d'une émigration de tapissiers Aubussonnais en Allemagne est très vivace dans le pays. On raconte encore que, sous la première République, un bataillon de Marchois rencontra, sur les bords du Rhin, un village dans lequel les habitants parlaient encore le patois de la Marche, et dont beaucoup portaient des noms d'origine Aubussonnaise.
On sait quelle perturbation apporta à toutes les industries françaises la révocation de l'édit de Nantes; par exemple la fabrique des soieries de Tours tombait de 8000 métiers à 1200, celle de Lyon de 12000 à 4000 (1). La manufacture d'Aubusson eut à subir une épreuve toute semblable. On estime à 250 environ le nombre des habitants d'Aubusson qui passèrent à l'étranger; c'était l'élite des religionnaires; et ceux qui restèrent, découragés, ruinés, toujours sous le coup de dénonciations et de poursuites, n'avaient guère d'ardeur au travail dans un moment où ils n'avaient pas de sécurité pour leur existence.
(l) Depping, Correspondance administrative de Louis XIV, dans les Documents inédits.
Les représentants les plus distingués de l'industrie des tapis, à Aubusson, appartenaient à la religion réformée; on en a la preuve dans ce fait que les statuts de Colbert sont dus en partie à la collaboration de Jacques Bertrand, protestant, et parmi les consuls qui apposèrent leur signature au bas du règlement de 1665, deux d'entre eux, Dumonteil ct Chabanneix, étaient aussi protestants.
Les dernières années du règne de Louis XIV furent désastreuses pour toute la France; le pays était épuisé par les guerres qu'il soutenait seul et depuis si longtemps contre -I'Europe coalisée. Ce n'était pas lorsque les grands personnages, à l'exemple du roi, envoyaient leur argenterie à la monnaie, qu'ils pouvaient songer à commander des tapisseries pour leurs hôtels et Aubusson ne devait retrouver l'éclat des jours passés que dans les premières années du règne de Louis XV.
Tapisserie tissée main à Aubusson Patrimoine de l'Unesco en 2009
Les Tapisseries d'hier et d'aujourd'hui
Tapisserie d'Aubusson
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