Tapisserie-royale

TAPISSERIE D'AUBUSSON BASSE LISSE



Histoire des Gobelins, depuis Louis XVI jusqu'à nos jours.

Durant la période révolutionnaire, l'existence de la fabrique des Gobelins fut plus d'une fois compromise. Dès le 17 août 1790, le journal de Marat, l'Ami du Peuple, en demandait la suppression en ces termes : « La fabrique des Gobelins coûte au public cent mille écus annuellement, on ne sait trop pourquoi, si ce n'est pour enrichir des fripons et des intrigants. On y entretient d'ordinaire vingt-cinq ouvriers qui emploient au total douze livres de soie au travail d'une tapisserie quelquefois quinze ans sur le métier ; », et le ministre de l’intérieur Roland n'obtint de la Convention quelques secours provisoires pour les premiers mois de 1793, qu'en faisant dans son rapport miroiter aux yeux de l'Assemblée le projet « de réunir aux deux manufactures des Gobelins et de la Savonnerie, une troisième plus commune, telle, par exemple, que celle de Beauvais ou d'Aubusson à qui elle prêtera sa réputation, quelque chose même de son goût et de sa perfection, et qui, en échange, lui rendra sur le bénéfice particulier à celle-ci l'aliment que la première ne pourrait pas tirer de son propre fonds ... Tout est possible à l'intérêt particulier, et c'est lui qu'il faut exciter en l'associant à toutes les nouvelles mesures à prendre (1). »

(1) Extrait du rapport de Rolland à la Convention (6 juillet 1793)

Le projet de Roland était une utopie qui ne pouvait qu'entraîner la ruine totale de la manufacture des Gobelins. En 1793 l'intérêt particulier ne pouvait rien; espérer trouver des débouchés nouveaux en abaissant le prix de revient était une chimère. Les acheteurs de tapisseries avaient disparu aussi bien en France qu'à l'étranger. Les fabricants de Bruxelles ne pouvant pas trouver à placer des tentures d'après Teniers et Lebrun à 30 francs le mètre carré, avaient fermé leurs ateliers; à Aubusson les ouvriers qui n'étaient pas partis pour les armées en étaient réduits pour vivre à faire des tapis de pied à 3 francs l'aune carrée! Le ministre Paré ne mit pas à exécution les plans de son prédécesseur; malgré la détresse du trésor public, il songea que les cinq cents ouvriers ou employés de la manufacture n'avaient pas d'autres moyens d'existence et comprit que cette fabrique modèle, qui n'a d'autre raison d'être que celle de conserver la tradition de l'art et du métier de la tapisserie, ne pouvait pas vivre sans la subvention qu'on lui accordait précédemment et qu'il maintint.
Audran, qui avait remplacé M. Guillaumot en 1792, ne resta pas longtemps en fonctions. Voici en quels termes son arrestation fut motivée, pour cause d’incivisme :
« Cet octidi 1re décade de brumaire de l'an II de la République française, une et indivisible, à quatre heures du matin.
« Citoyen,
« Les sans-culottes du faubourg Saint-Marceau, surveillants intrépides et infatigables des ennemis de la République, vous préviennent qu'ils viennent d'incarcérer à Sainte-Pélagie le nommé Audran, ami des Roland, et affilié depuis longtemps à toute la clique liberticide.
« Nous nous empressons de vous faire part de celle capture, parce que le nommé Audran étant directeur provisoire de la manufacture nationale des Gobelins, il importe à l'intérêt public et à celui des sans-culottes qui y sont employés que vous lui nommiez promptement un successeur, bon sans-culotte et franc républicain.
« Salut et fraternité » (suivent les signatures).
Le choix s'arrêta sur M. A. Belle, fils de l'ancien sur-inspecteur de la manufacture, qui, comme don de joyeux avènement, offrit à ses protecteurs une fête tout à fait dans les goûts du moment et dont la Convention rehaussa l'éclat en nommant une délégation pour y assister.
Le décadi 10 frimaire an II de la République, des tapisseries coupables d'être « parsemées de fleurs de lys, de chiffres et d'armes ci-devant de France, » entre autres la tenture dite de la chancellerie représentant la visite de Louis XIV aux Gobelins, furent brûlées dans la cour de la manufacture au pied de « l'arbre de la liberté », en l'honneur des martyrs de la liberté : Lepelletier, Marat, Préau-Bayle et Chalier.
Ce sacrifice expiatoire eut lieu probablement au même endroit où les ancêtres des sans-culottes, d'habiles hommes qui y étaient établis pour la manufacture des meubles de la couronne, y avaient élevé un mai à M. le Brun, premier peintre du Roy. »
Malgré cet acte de vandalisme, lorsque M. Belle père mourut, en 1806, son fils, A. Belle, obtint sa place d'inspecteur. On se rappela que le révolutionnaire farouche avait sauvé M. Mollien de l'échafaud, on oublia le promoteur de l'auto-da-fé du 13 novembre 1793, pour ne voir en lui que le peintre habile et l'homme de talent éprouvé.
Le 17 juillet 1794, le comité de salut public nomma un jury composé d'artistes et d'hommes de lettres, chargé d'examiner les tableaux existant aux Gobelins, les tapisseries en cours d'exécution, de choisir les sujets dignes d'être représentés et de rejeter ceux qui portaient des emblèmes ou qui exprimaient des idées anti-républicaines.
En lisant ce rapport, rédigé par Prudhon, Ducreux, Percier, Bitaubé, Moette, Legouvé, Monvel, Vincent, le peintre Belle, Duvivier, directeur de la Savonnerie, on verra une fois de plus qu'en temps de révolution, le ridicule côtoie parfois le sublime.
Sur les trois cent-vingt et un modèles qui formaient la collection de la manufacture, cent vingt et un furent éliminés comme anti-républicains, fanatiques ou immoraux. .
Citons parmi les procès-verbaux du jury celui qui concerne : « Le Siège de Calais, par Barthélemy, sujet regardé comme contraire aux idées républicaines ; le pardon accordé aux bourgeois de Calais ne leur étant octroyé que par un tyran, pardon qui ne lui est arraché que par les larmes et les supplications d'une reine et du fils d'un despote rejeté, en conséquence la tapisserie sera arrêtée dans son exécution.
« Jason domptant les taureaux, par de Troy. Le sujet est rejeté comme contraire aux idées républicaines, etc., etc. »
Ajoutons, pour être juste, qu'à côté de cette épuration toute politique, les commissaires supprimèrent cent trente-six modèles regardés comme défectueux sous le rapport de l'art, et que le 3 octobre 1794 ils arrêtèrent le programme d'un concours : pour la création de modèles destinés à la manufacture de la Savonnerie, invitant les artistes appelés à y prendre part, à suivre dans leurs compositions, « le bon goût et le style antique dont l'architecture et tous les arts se rapprochent en général. »
Le 10 mai 1794, la Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité d'instruction publique, décréta:
Art. 1or - Les tableaux qui, d'après le jugement du jury des arts, auront obtenu les récompenses nationales, seront exécutés en tapisserie à la manufacture des Gobelins.
Art. 2. - Il sera fait incessamment, sous la surveillance de David, des copies soignées des deux tableaux « Marat et Lepelletier » pour être remises à cette manufacture et y être exécutées.
La Mort de Lepelletier de Saint-Fargeau, et la Mort de Marat, qui, à part le sujet, est peut-être la plus belle œuvre qui soit sortie du pinceau de David ne furent jamais reproduites en tapisserie.
Le 6 juin 1794 le comité des arts et de l'agriculture accorda un secours de 30,000 livres aux artistes et ouvriers des Gobelins et de la Savonnerie, qui à raison de la cherté des subsistances se trouvaient dans une gêne extrême.
Le 29 juin 1795, M. Guillaumot remplaça comme directeur Audran, rétabli dans ses fonctions après une détention de dix mois et qui était mort le 20 juin. M. Guillaumot fut un des plus habiles et zélés administrateurs de la manufacture; la douceur de son caractère, son intelligence et le dévouement qu'il consacra aux intérêts qui lui étaient confiés, sauvèrent cet établissement pendant les mauvais jours qu'il eut encore à traverser.
En effet, dès 1795, la manufacture des Gobelins était dans un état voisin de la ruine. Les ouvriers, irrégulièrement payés, offraient l'image d'une détresse telle, que le comité de salut public dut leur accorder, pendant un an, une subvention d'une livre de pain et d'une demi-livre de viande, par personne et par jour.
Cette triste situation se prolongea longtemps. Une partie du personnel changea momentanément de profession, plusieurs ouvriers s'engagèrent dans les armées, et ceux qui restèrent, réduits aux dernières extrémités, furent obligés de vendre jusqu'à leurs draps de lit pour subsister.
En même temps le gouvernement, à bout d'expédients, fit vendre à vil prix une quantité considérable de tapis de la Savonnerie et de tapisseries des Gobelins.
Ces douloureuses péripéties se prolongèrent jusqu'aux dernières années du siècle. En 1804, la manufacture des Gobelins fut réunie au domaine de la couronne, et le chef de l’Etat se réserva dès lors les produits de sa fabrication.
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Tapisserie d'Aubusson
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